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A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles

Il y a de quoi décréter ou exiger un état d’urgence socioéconomique. Les indicateurs macro sont très alarmants, mais pas encore critiques, pour notre pays. Les déclarations de Hichem Mechichi ne sont pas flatteuses ou diplomatiques : le Chef du gouvernement parle de crise aiguë et de situation très difficile. Que faire pour rééquilibrer les comptes de l’Etat, en premier lieu le budget (projet du gouvernement retiré) et la balance des paiements ? Et surtout quel échéancier rationnel et dosé pour donner des fruits de relance à la machine économique grippée, pour ne pas dire bloquée ?

Pour simplifier les choses sans rentrer dans des détails techniques, l’Etat tunisien, en tant qu’agent économique, doit éviter de s’endetter davantage, et en même temps élever autant que possible en quantité et en qualité (production et productivité) ses indices clés. On n’a plus de période de grâce, ça clignote rouge et cela veut dire qu’on risque, si les choses continuent ainsi, une cessation de paiement. L’état d’urgence économique implique, entre autres, des procédures moins compliquées et plus souples pour contrôler les circuits économiques et pour mieux collaborer avec les banques par exemple, en tant que premier bailleur de fonds interne. Cela demande également une mobilisation sérieuse et irrévocable de l’autorité coercitive de l’Etat pour appliquer la loi, notamment contre ceux qui bloquent au vu et au su de tout le monde les sites de production de pétrole et de phosphate. Il n’y a plus de temps à perdre : on a l’obligation de retrouver, selon un calendrier précis, le volume de production qui permet d’augmenter les recettes d’exportation. Il faudra surtout tendre la main au secteur privé qui crée des emplois et qui paye des taxes, et en même temps assainir les entreprises publiques qui enregistrent de graves déficits. Si on retrouve la production, si on limite le manque à gagner en recettes fiscales (chercher au plus vite des arrangements pour clore maints dossiers d’évasion fiscale) et si les chiffres de la croissance s’améliorent par trimestre, la confiance reviendra petit à petit dans notre Etat. Nous dépendons beaucoup en ce moment des prêteurs institutionnels internationaux, et vu la crise qui frappe tout le monde, il sera moins facile qu’avant de solliciter des liquidités. Tous les Tunisiens sont appelés à faire des sacrifices et à endurer les douloureuses décisions des trois années à venir pour pouvoir redresser l’économie. Il s’agit de déclencher un nouveau cycle économique en redonnant de la vitalité au budget de l’Etat et ses indicateurs macroéconomiques. La BCT est un partenaire crédible dans cette opération de sauvetage de l’économie tunisienne. Son indépendance donne certes plus de garantie, éventuellement pour freiner les intentions inflationnistes (émission monétaire injustifiée et qui sacrifie le dinar), mais il faudra trouver une entente entre le gouvernement et la BCT qui reste un gisement incontournable de liquidité.

A situation exceptionnelle, mesures et aussi dirigeants exceptionnels.

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